PARDONNEZ-MOI MON PERE, J’AI PECHE

PARDONNEZ-MOI MON PERE, J’AI PECHE

Hello à tous,

Pour le premier article de 2020, je vous retrouve avec quelque chose d’un peu différent de ce que je fais d’habitude. On ne parlera pas de zéro-déchet, ni de tips pour une consommation plus responsable mais on reste tout de même dans le thème car on va parler « anxiété écologique ».


Kesako ? L’anxiété écologique se traduit par une prise de conscience de l’impact de notre consommation sur le monde qui nous entoure, s’en suit naturellement une forme d’anxiété, ceci est évidemment exacerbé par les réseaux sociaux et l’importance qu’on accorde au regard des autres.


En d’autres mots, c’est l’(auto)-flagellation qu’on (s’)inflige lorsqu’on consomme de manière non-durable. Je mets des parenthèses car elle peut venir de soi et/ou des autres.
Alors c’est bien ? Selon moi, comme tout, pas dans les extrêmes… Oui prendre conscience qu’il est temps de revoir sa manière de consommer, c’est essentiel et c’est positif ! Je suis la première à féliciter quiconque de ses efforts en matière d’écologie.
Là où il ne faut pas tomber dans le travers, c’est lorsque ça devient une obsession et que ça nous ampute de tout plaisir. En soi, vivre, respirer, consommer, on le fait tous et ce n’est pas écolo si on pousse le raisonnement à fond… Tout comme on est bien d’accord que le suicide n’est pas la solution à la crise climatique, il est donc bon de relativiser.


Ne vous méprenez pas, au début de ma démarche vers une consommation plus responsable, j’ai été une de ces personnes qui crée de l’anxiété écologique chez les autres, j’ai été la casse-couille qui fait remarquer aux autres « tu t’habilles chez H&M ? » « une paille en plastique ? mais quel assassin » alors je ne suis surement pas là pour donner des leçons aujourd’hui mais surtout pour analyser ce phénomène et en expliquer les méfaits.
C’est toutefois plutôt naturel, quand on commence quelque chose de nouveau, tel que changer sa façon de consommer, on essaie de le faire à fond. Je me rappelle de l’anecdote de Béa Johnson qui expliquait qu’elle avait acheté de la mousse naturelle pour remplacer le papier toilette, cette mousse avait rapidement séché et lui avait correctement irrité les fesses ! Alors évidemment quand on est dévoué à une cause (à tel point de s’irriter le derrière), on ne voit plus que les défauts des autres à cet égard, et les siens. C’est ainsi qu’on rentre dans le mécanisme des « ecoanxieties ».


Comme je l’ai dit, je suis la première à aimer les petits pas, les petits gestes, les petites pensées du quotidien, c’est génial. Prendre des décisions simples comme la bouffe en vrac, les fringues en seconde main, arrêter l’eau en bouteille, utiliser des cotons réutilisables, j’en passe et des meilleurs, ce n’est pas compliqué à mettre en place et ça a un impact.

Aujourd’hui plus que jamais il me semble primordial d’éveiller les consciences, de sensibiliser les gens et je vous jure que j’essaie, et ce sans être moralisatrice. Mais parfois je me demande « à quoi bon ? » à quoi bon me fêler le coccyx en allant au boulot à vélo quand mon collègue fait des tours de ring pour augmenter son kilométrage afin que le leasing lui tolère plus de griffes ? A quoi bon sortir la poubelle tous les 3 mois quand les voisins sortiraient bien la leur 2 fois par jour ? A quoi bon me sapper en seconde main quand je vois des gens sortir de chez Primark avec 38 sachets plastiques remplis de fringues faites par des gosses de 8 ans de l’autre côté de la planète ?


A quoi bon faire des efforts quand on nous répète constamment qu’on n’en fait pas assez ?


Parce que ça peut sembler contre-intuitif mais dire aux gens qu’ils n’en font pas assez, ça ne les fait pas en faire plus ! Et ça, j’ai mis un moment à le comprendre. J’ai compris qu’il fallait arrêter de dire à ma mère de ne plus acheter de l’eau en bouteille pour qu’elle s’offre une gourde et une série de pailles en métal. J’ai compris que je devais arrêter de dire à mon colloc de diminuer sa consommation de viande pour qu’il nous régale avec une lasagne veggie. Alors oui, ça m’arrive d’être frustrée quand je vois mon père boire du coca (ne pas l’insulter svp merci) mais finalement, ça ne sert à rien ! Il faut lâcher la grappe aux gens sinon ils se braquent et in fine ben il en ressort pas grand-chose à part de la frustration.

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C’est ce que j’essaie de faire ici et sur mon compte Instagram, donner des alternatives, montrer que repenser sa consommation c’est satisfaisant. Je suis probablement encore maladroite mais l’intention n’est jamais de frustrer ou culpabiliser les gens. La culpabilité c’est de la merde, ça ne sert à rien et ça nous ronge.


Les réseaux sociaux sont un tremplin pour l’anxiété écologique et toute forme de mal-être d’ailleurs… Ils montrent aux gens un idéal et pour peu que tu en dévies un chouïa, tu n’es qu’une grosse merde. Mais alors derrière un écran, les gens se pensent sortis de la cuisse de Jupiter si bien qu’ils osent absolument tout dire « COMMENT CA TU RESPIRES ? MAIS CA REJETTE DU CARBONE !!! »


Evidemment, si tu exposes que tu fais les choses différemment, ça ramène les gens à leurs imperfections (ca leur met le nez dans leur caca comme on dit aussi), ils le vivent mal et attaquent en retour. C’est classique mais c’est pas cool. Et surtout ça freine les gens à partager leurs éco-gestes alors qu’ils pourraient sensibiliser leur entourage, donc NON. Si ça vous frustre de voir quelqu’un qui fait des efforts, j’ai plutôt envie de dire que ce n’est pas ce quelqu’un qui a des problèmes à régler…


« Oui mais tu parles d’écologie mais tu *remplir avec une action non durable* » (souvent suivi d’une insulte sinon c’est pas drôle).
C’est vrai. Je ne suis pas parfaite, j’essaie de faire de mon mieux, je pourrais lister toutes les choses que je fais et dont je me prive pour mener un mode de vie plus responsable mais j’aurais l’impression de devoir me justifier, ce qui n’est pas constructif non plus.
Je pense qu’il faut arrêter de demander aux gens d’être parfaits parce que soyons clairs, ça n’est pas prêt d’arriver. Il faut plutôt soutenir les gens dans leurs efforts au lieu de leur rappeler qu’il faut encore qu’ils en fassent. On vit dans une société où tout est tout blanc ou tout noir. Tu dois être 100% écolo, courir tout nu dans les bois parce que sinon tu es une fraude. Non, tu es juste humain et c’est très bien comme ça.


Alors oui, pardonnez-moi mon Père j’ai péché, je suis incohérente, imparfaite mais j’essaie tous les jours de consommer mieux et d’être une meilleure personne. J’espère que 2020 me permettra d’avancer dans ma démarche et 2021 d’être encore plus cohérente. En attendant, je vais continuer d’être bienveillante avec mes proches en transition, de partager mes eco-tips avec vous et de devenir la meilleure version de moi-même.


Sur ces belles paroles, je vous souhaite une belle année 2020, lâchez la grappe aux gens, soyons imparfaits ensemble.

Je vous dis à bientôt pour un nouvel article et je vous embrasse !