LE MYTHE DE L’ÉCOLO PARFAITE

LE MYTHE DE L’ÉCOLO PARFAITE

Je ne suis pas parfaite. Je pense n’avoir jamais prétendu l’être mais dans ce monde où le paraitre voudrait témoigner de la valeur de quelqu’un, il me semble pertinent de le rappeler. Donc voilà: je ne suis pas parfaite

J’ai moi-même contribué à construire cette image de moi sur les réseaux sociaux et j’en suis maintenant consciente, alors il est temps de rétablir la vérité. J’ai récemment reçu un message qui m’a un peu remis les pieds sur Terre. Dans ce message, la personne me demandait comment je pouvais incarner si bien la parfaite petite écolo qui ne fait jamais d’écart, la réponse est très simple: j’en fais des écarts, j’en fais plein

Sur les réseaux sociaux, on montre ce qu’on veut bien montrer, on montre ce dont on est fier.e et les écarts, soit ils sont insignifiants dans ma vie, soit je n’en suis pas fière. Mais pour remettre les pendules à l’heure, je vais faire une entrave à la règle fondamentale d’instagram où tout est beau et rose, je vais vous partager mes écarts et vous savez quoi? Nous ne sommes pas défini-es par nos écarts, en fait, ils sont même totalement insignifiants par rapport à tous nos efforts

  • l’an passé j’ai pris l’avion pour un voyage professionnel, voilà on commence par le pire écart qui soit. Yes, j’ai pris l’avion, bouuuuuh. Je ne vais pas me justifier, parce que c’est la vie et bon je tiens à mon job (il paie les factures) mais je vais quand même vous expliquer l’état d’esprit dans lequel j’ai finalement pris la décision de prendre l’avion. 

Je travaille pour une start-up qui fait entre autre du conseil dans les énergies renouvelables et nous avions une réunion à Genève avec un client. J’ai littéralement tout essayé, y aller en train prenait trop de temps et mon patron ne voulait pas me laisser en “perdre” dans les transports. Faire la réunion en visio, après tout on est en 2022, et là je me suis heurtée à un conflit de génération. J’avais face à moi des gens de l’ancien monde pour qui il est acceptable de faire un aller-retour Bruxelles-Genève pour une réunion, que dis-je c’est bien plus qu’acceptable, c’est valorisé dans leur vieux monde. Déjà que je suis jeune et en plus une femme (je n’imagine même pas si j’étais une femme racisée ou trans…) mais alors si en plus je questionne leurs pratiques douteuses, ce n’est même plus la peine que j’y vienne à la réunion. Alors, j’ai lâché l’affaire, j’ai réalisé que j’avais dépensé trop de temps et d’énergie à lutter contre ce vol et que je me battais solo face au vieux monde, on n’était pas vraiment à armes égales. Et vous savez quoi? A côté du fait que j’ai renoncé à l’avion de manière personnelle, ce vol, il ne représente rien

  • pendant mes vacances en Espagne, j’ai mangé des crustacés, quelle végétarienne en carton… Je vous écris d’une petite ville au nord de Barcelone et honnêtement, j’aurais pu manger végétarien tous les jours soit en n’allant jamais au resto, soit en mangeant constamment des patatas bravas et de la tortilla. Alors bon, j’adore ces deux plats mais à chaque resto pendant un mois, j’allais littéralement peter les plombs. J’ai profité de mes vacances et j’ai fait un écart de temps en temps, c’est la vie que j’ai décidé de mener. Le plus pervers dans tout ça, c’est que je tends à retenir plus ces écarts que le fait que je suis végétarienne depuis 4 ans 95% du temps. C’est dingue le pouvoir qu’on a à se flageller pour des bêtises
  • j’ai acheté des chaussettes dans une enseigne de mode pas éthique. Vous y croyez vous? La meuf qui vous rabâche constamment que la mode éthique is the only way to go et que sinon bah y’a la seconde main, duh. Ouais, j’ai acheté des chaussettes en coton pas bio. Et encore une fois, je pourrais me justifier en vous disant que j’ai pas acheté de chaussettes depuis très longtemps (regardez comme je me justifie) (ma mère en pls à réparer mes vieilles chaussettes tout le temps). Mais en fait, bah c’est pas 2 malheureuses paires de chaussettes qui vont changer la face du monde. Et puis elles sont jolies et elles m’apportent de la joie et je n’ai envie de retenir que ça finalement. 

Je vais m’arrêter là car ce sont les derniers écarts qui me restent en tête mais croyez-moi, ils ne sont que le début d’une très longue liste. Alors évidemment, je vais pas vous dire de faire une commande chez SheIn tous les mois et qu’on s’en fout. Gardez en tête que les réseaux sociaux, c’est un moyen génial de faire passer un message, c’est personnellement comme ça que j’ai décidé de le prendre, mais cela ne témoigne pas du tout de la vie réelle des gens. 

Plus important encore, je le redis, les écarts ne nous définissent pas. C’est notre mode de vie qui compte, notre mindset, notre quotidien. C’est le fait qu’on avance dans le bon sens qui compte, pas le fait qu’on a mangé des palourdes sur le marché. Alors maintenant, on se lache la grappe (moi la première), on fait de son mieux et basta, non?