GREEN GOOD PEOPLE #1 FLORE DE KALY ORA

GREEN GOOD PEOPLE #1 FLORE DE KALY ORA

Hello à tous,

Je vous retrouve avec un article un peu différent aujourd’hui puisqu’il s’agit de l’épisode #1 de Green Good People. Ce nouveau type d’articles a pour but de mettre en avant des personnes ayant un projet engagé et durable et j’ai vraiment adoré interviewer la première participante. 

Je vous livre donc l’interview de Flore, la créatrice de Kaly Ora une marque de maillots de bain engagée et durable. J’espère que ça vous plaira, bonne lecture!

Comment t’es-tu lancée ? D’ou t’es venu l’idée de Kaly Ora ? 

C’était il y un an, j’ai eu plusieurs idées, j’avais envie d’entreprendre et de créer quelque chose qui avait du sens. J’ai d’abord pensé à la cosmétique biologique mais j’ai découvert que c’était extrêmement régulé (ce qui est bien) mais puisque que je n’avais pas l’étincelle, je n’ai pas continué la démarche.

Je travaillais à l’époque dans la mode à Bangkok, j’ai entendu parlé de la fibre Econyl et l’idée m’a directement plu. Je passais une grande partie de mon temps en maillot de bain et les meilleurs moment de mon enfance se sont eux aussi passés dans un maillot de bain, je pense notamment aux vacances en Grèce avec mes parents. J’ai vraiment eu un déclic et c’était clair que j’allais poursuivre cette idée. 

Le nom Kaly Ora vient de l’île grecque où nous nous rendions en famille « Kalymnos » et de l’expression grecque « i kali i ora » pour souhaiter de bons moments à venir. Dans la même idée, les maillots portent tous le nom d’une île grecque. 

As-tu eu un déclic quant à la fabrication des maillots de bain ? 

Le choix du tissu a été évident une fois que j’ai entendu parlé du concept d’Econyl. La matière et les couleurs me plaisaient énormément. 

Le choix de l’endroit de production a par contre été plus compliqué car je vivais à l’époque en Asie mais je savais que je rentrerais en Europe et que je m’attaquais au marché européen pour la vente. J’ai hésité à choisir une usine au Portugal mais je voulais vraiment visité l’usine avant de la choisir et vivant en Asie, j’ai préféré choisir plus proche: mon choix s’est donc porté sur une usine familiale à Bali. 

J’en ai visités 4 et j’ai choisi celle avec qui le courant passait le mieux, ils sont environ 50 à y travailler et c’est vraiment une ambiance familiale. 

Pourquoi avoir opté pour une fibre recyclée? D’ou vient ce plastique ? 

J’ai d’abord entendu parler de la fibre de chanvre qui nécessite très peu d’eau à la production mais elle ne se prêtait pas bien à l’utilisation d’un maillot de bain, le tissu sèche lentement et le rendu ne me convenait pas. 

Le concept d’Econyl me plaisait car ils récupèrent les déchets des océans et je trouve intéressant de lier le lieu de récupération des déchets avec l’endroit où finalement on profite de nos maillots.

Econyl travaille avec une ONG en Thaïlande, j’ai pu les rencontrer et j’ai vraiment apprécié le projet. De plus, la fibre est produite en Italie et sachant que je rentrerai tôt ou tard en Europe la proximité me plaisait. 

Peux-tu nous parler de l’éthique et de la ligne durable de ta marque ?
Au niveau packaging, chaine de production,…

Je savais que cela couterait cher mais je ne voulais pas faire de compromis sur l’éthique. 

La chaine de production est très courte, j’utilise des fins de rouleaux de tissu qui se trouvent déjà à l’usine, ils sont produits (en petite quantité en fonction de la quantité de tissu disponible) et arrivent chez moi en Belgique où je m’occupe du reste. 

Dans le futur, j’aimerais beaucoup implémenter un système de collecte pour récupérer les maillots que les gens ne veulent plus et les remettre dans la boucle pour en créer des nouveaux car le tissu Econyl est recyclable infiniment. 

J’ai choisi des couleurs neutres et classiques pour créer des maillots intemporels que les gens garderont longtemps. 

Au niveau du packaging, ils sont emballés individuellement dans du « plastique » végétal à base de manioc (par souci d’hygiène) et j’ai créé des pochons en coton organique pour le côté pratique d’avoir toujours son maillot dans un pochon qui a parfaitement la bonne taille, pour éviter d’utiliser trop de tissu. 

Lorsque je dois les envoyer par la poste, ils sont également emballé dans un carton composé à 90% de papier recyclé et 10% provenant de forêts régulées. Les encres sur le cartons sont à base d’eau pour éviter les produits polluants. 

En plus de ça, je travaille avec Chooose une société suédoise et ils offset la production et le transport des maillots. Pour ce qui est du transport, on a calculé l’empreinte carbone du transport de la matière d’Italie jusqu’à Bali (bien que je n’aie utilisé que des fins de rouleaux de tissu déjà sur place) ensuite le retour des maillots jusqu’en Europe et pour ce qui est de la distribution, on a fait une estimation de 50kms par maillot (à savoir que la majeure partie a été vendue sur Bruxelles). Au total, nous avons une empreinte carbone de 25kg par maillot, j’ai choisi le projet d’offset au Kenya, le budget investi est utilisé pour lutter contre la déforestation au niveau de l’enseignement sur place mais également pour la plantation de nouveaux arbres. 

Quels sont les challenges pour lancer une marque durable ? 

La partie administrative ce n’est vraiment pas mon truc. Par contre au niveau de la partie opérationnelle, j’étais tellement emballée et passionnée par le projet que ça allait tout seul. 

Le fait de tout penser durable, c’est un challenge en soi, il faut penser à tout, parfois je doutais du fait que je sois capable de le faire seule. L’aspect financier a aussi été une question car fabriquer dans une usine familiale avec des matières recyclées, choisir un packaging durable, tout cela a un coût et pas des moindre. J’ai décidé de lancer cette première collection sur fonds propres donc il a fallu s’organiser. 

Les tailles ont été aussi un challenge, j’ai voulu créer une marque inclusive et donc produire du XS au XL mais je me rends compte que j’ai peut-être mal géré les quantités en fonction des tailles.

Je ne me serais pas sentie à l’aise dans mes baskets en sortant une collection qui n’avait pas de sens. C’est un vrai projet social et durable et en 2020 ça me semble primordial. J’avais un job à l’époque, je ne l’ai pas fait pour l’appât du gain mais vraiment pour le projet donc je voulais le faire à fond.

Comment qualifies-tu l’importance de marques durables comme la tienne ? 

J’ai vu le film « The true cost » sur Netflix et cela m’a énormément ouvert les yeux. Je ne comprends pas comment en 2020 une démarche comme la mienne n’est pas la norme. D’ailleurs je suis ravie d’avoir produit de beaux maillots, certes en matières recyclées, mais surtout qu’ils plaisent car ils sont beaux et de bonne qualité, l’aspect durable devrait être normal. 

Je suis assez énervée quand je vois les collections « durables » de marques de fast-fashion et je me dis qu’ils se moquent vraiment de nous. 

J’avais envie de faire partie de la solution et quand je vois qu’à mon échelle c’est possible, je comprends que c’est juste un choix des marques conventionnelles d’ignorer le problème. 

Quel est ton parcours face à l’urgence climatique? Quelle consommatrice es-tu ? 

Je ne suis pas parfaite, j’apprends petit à petit et je dois dire que le projet Kaly Ora m’a encore plus sensibilisée sur la question. J’ai toujours aimé consommer chez les artisans et les petits commerçants et en étant moi-même une maintenant, j’ai vraiment l’envie et l’espoir que ça devienne la norme. 

Que penses-tu des maillots de bain de la fast-fashion ? 

J’en ai eus bien sûr et ils ne tiennent qu’un été. La qualité est médiocre et c’est à tout prix ce que j’ai voulu éviter avec ma marque. 

Je comprends qu’on puisse vouloir plusieurs maillots pour l’été et donc c’est un budget. J’ai d’ailleurs essayé de développer certains maillots réversibles, pour en avoir 2 en 1. Cependant c’est vraiment difficile d’avoir des couleurs qui fonctionnent bien ensemble et qui ne transparaissent pas l’une à travers l’autre. Puisque je n’avais qu’un certain nombre de couleurs à ma disposition (car j’utilisais des tissus déjà sur place), ils ne sont malheureusement pas tous réversibles, c’est un point à améliorer mais j’ai fait de mon mieux pour cette collection. 

De quel aspect es-tu le plus fière dans ta marque ? 

Je suis fière de l’avoir fait et de l’avoir bien fait. 

J’ai parfois un peu de mal à réaliser que j’ai fait ça toute seule. J’ai parfois aussi tendance à minimiser mais quand j’y repense j’ai vraiment beaucoup travailler pendant un an pour penser à tous les aspects. 

Ce qui me rend le plus fière, c’est que les gens aiment et sont réceptifs. J’ai reçu des feed-back positifs quant à la qualité donc je suis ravie. 

J’espère que ce nouveau type d’articles vous plait autant qu’à moi. J’espère aussi que de lire sur des personnes inspirantes et engagées pourra vous aider et vous guider dans vos futurs projets. 

A bientôt pour un nouvel épisode de Green Good People, je vous embrasse.