2021 STORY : AU RALENTI

2021 STORY : AU RALENTI

16 décembre 2021. Aujourd’hui, j’ai 27 ans. Et il y a un an, jour pour jour, lorsque j’ai fêté mes 26 ans, j’étais loin d’imaginer l’année qui allait se dérouler, et le chemin qui allait m’amener jusqu’ici aujourd’hui.

Salut 2021. Waw… Tu as été l’année la plus inattendue de toute ma vie jusqu’à maintenant. T’as pas été très cool avec moi. Tu m’as fait angoisser, tu m’as fait pleurer, tu m’as empêchée de dormir, tu m’as rendue anxieuse. Je crois qu’on peut dire qu’on n’est pas copines toi et moi. Moi qui ai toujours aimé tout contrôler, s’il y a bien une chose que je n’avais pas prévu, c’est ça. S’il y a bien une chose que je n’aurais jamais pensé vivre, c’est ça.

Il y a 6 mois, anxieuse et les larmes aux yeux, je vous partageais l’article le plus intime que je n’ai jamais écrit, je vous partageais mon burn-out, juste ici. Aujourd’hui, il est temps de reprendre là où je vous ai laissé, de revenir sur cette année si particulière, de faire le point puis de tourner cette lourde page qu’est 2021, pour accueillir la suite, sereinement.

Suite à mon article, j’ai reçu de nombreux retours de votre part et je dois dire qu’une partie de mon petit corps s’est réparé grâce à vous, à vos messages et à vos mots. Sans vraiment en prendre conscience, écrire puis publier cet article a été salvateur pour moi. Merci.

21 juin. Le jour où mon corps m’a dit stop. Le jour où mon cerveau a surchauffé, cramé, grillé, au four, à la poêle ou au barbecue, comme vous préférez. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne fonctionnait plus. « Les fonctions cognitives ne fonctionnent plus pour l’instant » c’est ce qu’on m’a dit. Le 21 juin. C’est le jour où mon corps ne m’a plus laissé le choix. Mais ce burn-out, il a commencé bien avant ça. 2021, au ralenti.

Trois mois. Trois mois au ralenti. Trois mois qui marqueront ma vie à tout jamais. Trois mois où je n’étais que l’ombre de moi-même, où l’anxiété a guidé chacun de mes pas, chacune de mes décisions. Trois mois qui m’ont changée pour toujours. Trois mois où j’étais incapable de réfléchir. Trois mois durant lesquels j’étais incapable de dire quel jour on était, ce que j’avais mangé la veille, ce que je portais comme vêtements si je fermais les yeux, trois mois où j’ai jeté à la poubelle des choses qui devaient aller au bac à linges, où je me suis rappelée deux heures trop tard que je n’avais pas donné les croquettes au chien. Trois mois de réveil à 4h du matin, sans me rendormir ensuite. Trois mois où ma seule recommandation, ou presque, était de faire ce que j’ai envie de faire, de vivre au jour le jour, et de ne pas utiliser mon cerveau. « Ne lisez même pas un livre, vous en demanderez de trop à votre cerveau », c’est ce qu’on m’a dit.

J’ai souvent hésité à me lever le matin, parce que je ne savais pas vraiment pourquoi je le faisais. Certains matins, mes yeux s’ouvraient à peine que l’angoisse était déjà là, réveillée bien avant moi. Une boule au ventre, un mal de tête, jusqu’au coucher. Pourquoi ? Aucune idée. Il faut faire avec. Il faut gérer ça. En plus de devoir me lever, me préparer, sortir le chien, éventuellement aller faire les courses si je trouve l’énergie, répondre au téléphone, et faire comme si tout allait bien. Parce qu’il faut beau. Parce que c’est l’été. Parce qu’il y a du soleil.

J’ai souvent regardé les murs de cet appartement avec dégoût, avec l’envie de les quitter pour toujours, avec un regard accusateur, comme si tout ça était de sa faute.

J’ai souvent culpabilisé de rester à l’intérieur, devant une série, sous le plaid, alors que le soleil brillait dehors. Parce que j’étais incapable de sortir. Culpabilisé de ne pas être à mon bureau, devant mon iMac. Culpabilisé de ne pas avoir eu la force de surmonter ça.

J’ai broyé du noir, quand même, beaucoup. Parfois, c’était comme si le monde s’écroulait sous mes pieds.

J’ai fondu en larmes à un anniversaire en famille parce que je ne supportais plus le bruit autour de moi.

J’ai été agressive, effacée, fatiguée, éteinte, douce, émotive, absente, et beaucoup d’autres choses. Beaucoup d’autres émotions. Beaucoup d’autres états. Tout et son contraire. Chaque jour son lot de surprise. Sans jamais vraiment comprendre, me comprendre.

Puis un jour, il est temps. Temps de reprendre le chemin de la vraie vie. De sortir de ce tourbillon dépressif, réconfortant pendant un temps, mais toxique avec le temps. Il était temps. De relancer la machine. Doucement. Il était temps de respirer. De retrouver les choses qui me plaisent, de m’émerveiller à nouveau, de retrouver les sensations que j’aime, les odeurs que j’aime, les choses qui me font rire, de réapprendre à vivre avec des imprévus, de retrouver la joie de me préparer le matin, de ressentir des émotions, de refaire des choses avec amour. De me lever le matin avec l’envie de me lever. Il était temps. Doucement. De reprendre du temps pour moi, juste moi, et pas pour ce burn-out.

16 septembre. « Est-ce que vous envisageriez de recommencer à mi-temps ? »

Waw. Mon cœur se serre. Recommencer à travailler. J’en ai envie, mais ça me fait tellement peur. J’ai l’impression que je dois tout réapprendre, que je ne sais plus rien faire des missions qui m’animent depuis 4 ans quotidiennement. J’ai peur de reprendre le train en marche. Est-ce que j’en suis capable ? Et si j’en n’étais pas capable ?

27 septembre. On y est. Réjouissance. Mais angoisse. Beaucoup d’angoisse. Je passe pour la première fois les portes du bureau à la Grand Poste. On y est. La vie reprend. Je retrouve déjà des émotions que j’avais oubliées. Puis mes collègues, les uns après les autres, passent la porte du bureau, le sourire jusqu’aux oreilles, heureux de me voir de retour parmi eux. Puis mon patron. « On va prendre un petit dej au Darius avant que tu commences ta journée ? » . Je me sens bien. Tout va bien se passer.

Ce matin-là, j’ai déverrouillé mon iPhone, j’ai ouvert l’application Notes, et j’ai écrit ça, pas avec mes doigts, avec mon cœur, qui se déverrouillait lui aussi, enfin :

« 3 mois d’absence, de larmes, de doutes, de crises d’angoisse, de remise en question, de crampes au ventre, d’insomnie, d’anxiété, de troubles alimentaires. 3 mois de bienveillance, de sourire, de calme, de terrasses, de séries sous le plaid, d’amitié, de moments d’amour, de restaurants, de balades, de moments en famille. 3 mois de culpabilité, de stress, de honte, de peur, de panique, d’incertitude, de « et si ». 3 mois de thérapie, de consultations, de prescriptions, d’ordonnances, de prises de sang, de certificats, de médicaments, d’anti-dépresseurs. 3 mois. 1 burn-out. Une vie au ralenti. Mon cerveau en mode off. C’était le 23 juin. C’est comme si c’était hier. Je ne suis pas encore guérie mais un jour ça ira mieux. Et ça commence maintenant. »

27 septembre et je suis sur une chaise de bureau, devant mon iMac. J’ai réussi. J’ai réussi à passer à travers cet ouragan. Mot de passe : … . Aucune idée de ce mot de passe pour déverrouiller mon ordi. J’essaye 2 trucs. La 3ème est la bonne. Retrouver mes repères, doucement, très doucement. Mon mot de passe de connexion principale qui donne accès à tous mes outils : … . Je n’en ai aucune idée. Il ne me reviendra jamais. Yannick est là, il m’aide à régler ce problème. Charlotte est là, elle veille à mon planning, qu’il soit le plus confortable possible pour mes débuts. Mes nouveaux débuts.

Pour la première fois de ma vie, en juin 2021, je me suis perdue. C’est comme si l’angoisse avait englouti celle que j’étais. Alors, pour la première fois de ma vie, je suis allée à la rencontre de moi-même. Pour retrouver ma tête, mon cœur, mon corps. Retrouver celle que j’étais, avant tout ça. Me reconnecter à chaque particule de celle que je suis vraiment.

J’ai racheté des vêtements dans lesquels je me sentais moi-même. J’ai été chez le coiffeur pour changer de tête. J’ai redécoré mon appartement et, enfin, je me sens à nouveau bien chez moi, en symbiose avec ce cocon, que j’ai tant aimé, puis tant détesté. J’ai recommencé à faire des choses simples que je n’osais plus faire, comme aller promener mon chien, seule, jusqu’au parc de la Boverie. Je me suis débarrassée de ce qui m’encombrait. J’ai recommencé à chanter en conduisant. J’ai réussi à me rassoir devant mon iMac sans crampe au ventre, à taper sur mon clavier en tout sérénité, même si je suis toujours incapable de retenir mes mots de passe. Je me suis achetée des fleurs. J’ai mangé du chocolat. J’ai retrouvé le sommeil, ou presque. J’ai recommencé à écrire, à vous écrire. Et ça fait du bien.

Ca fait du bien de revivre.

2021, tu m’as donné du fil à retordre. Et rien que d’écrire ces 4 chiffres, j’ai mal au ventre. On n’est pas copines toi et moi, mais j’en sortirai plus forte, j’en suis sûr.

Le chemin sera long, il n’est pas encore fini, mais je vais mieux, je vais bien.

J’ai pas l’air de m’en faire, mais si vous saviez
Comment c’est dans ma tête, ça me fait vriller
L’angoisse me fait la guerre et part en fumée
Jour après jour, je m’habitue
À mes ennemis qui me tuent
Et j’apprendrai toutes les vertus
Oh, jour après jour, je m’habitue

Comment faire pour tuer mes démons ?

Angèle – Démons

Merci Barbara pour ces photos. My best partner since day 1.

Si vous suivez ce blog depuis longtemps, vous savez que la tradition de fin d’année est de vous proposer 5 looks de fête avec mes copines. Cette année, j’avais besoin de faire les choses différemment. Alors je ne vous en propose qu’un. Mon ensemble vient de chez Zara, collection actuelle. Si vous avez besoin d’inspiration, retrouvez les articles des années précédentes ici.